Pas si loin
Est-ce qu'on imagine que c'est si facile? Quand je vois les affres que parfois traversent mes voisines d'ici, en proie aux doutes les plus profonds quant à savoir comment elles seront perçues si jamais il leur prenait l'envie de se faire couper les cheveux un peu court et malgré leur désir, renoncer de peur du qu'en dira-t-on, je me met à penser à Aliaa et d'autres comme elle qui vivent dans une culture traditionnelle pour laquelle leur apparence et leur comportement rejaillit immanquablement sur l'ensemble de la famille, où la religion pèse sur nombres d'actes quotidiens et où la simple idée de se faire couper les cheveux pourrait être considérée comme un pêché... Alors forcément cela donne beaucoup plus de valeur à l'acte lui même. Il s'agit d'une véritable émancipation pour certaines. Et même si la société évolue et s'ouvre à plus de tolérance, il n'en reste pas moins vrai que pour une femme musulmane l'exemple de Hanaa Ben Abdesslem reste encore loin d'être accessible...
Modèle: Hanaa Ben Abdesslem
Frida fait dans la dentelle
Comme d'habitude, en me rendant ce matin au cabinet de ma psy bavaroise, l'excitation d'être confronté à de nouvelles révélations le disputait à la peur de l'inconnu. Cependant, depuis le temps que je fréquentais cette avatar féminin du docteur Freud, paix à son âme, je savais que je pouvais compter sur sa discrétion et son professionnalisme et que seuls Laora et quelques dizaines de nos amis risquaient d'être mis au courant de ce qu'elle aurait découvert en étudiant le cas de son patient le plus intime. Bref! Comme dirait l'autre. D'ailleurs le fait que nos séances se terminent parfois allongé sur la moquette rendaient ces consultations, finalement, libres de droit puisqu'on n'était plus vraiment dans le domaine du secret médical. Re- bref!
Ma Psy "- Mein kleiner hase, il y a un aspekt que che foudrais abbronfontir afek toi...
Moi - ... Euh... C'est une proposition?
Ma Psy - Nein nein, che zuis zérieuze. Che berzois maintenant très pien tous les zéléments qui profoguent ein stimuli émotionnel chez toi et qui ekzitent tes zens...
Moi - En effet on est pas parti pour la gaudriole là...
Ma Psy - Was, kôtriôleu ?
Moi - Non non rien...
Ma Psy - Che zais que l'allure antrochyne d'une cholie femme t'adire barticulièrement. Les jefeux kourts, les korps "étroits", tout za. Ch'irai chusqu'à dire que la première idée qui te fient en matière de copulazion serait la sodomie, nein?
Moi - Ouhlà! Je te vois venir avec tes grosses bottes de la Wehrmacht là.... Mais je croyais cette idée évacuée définitivement... Tu penses à un transfert de type homosexuel.
Ma Psy - Oui et non, j'étudie les bropozizions en fonction des différents exemples que che konnais. Che zais barfaitement à quel point tu es zérépral. Et on peut benzer que sodomizer un corps de garzon, qui a une coupe de garzon, pourrait brofoguer l'idée d'un rabbort homozexuel...
Moi - Ouais... vu comme ça... Mais c'est pas le cas. J't'assure dok j'aurais adoré être gay, être créatif, inventif, flamboyant, fier de ma différence, avoir plein de copines et baiser des apollons aux cheveux courts... Mais sincèrement c'est pas mon truc. Ce qui m'excite quand je vois une jolie nuque fine et bien dégagée, c'est de savoir qu'elle apparatient à une jolie femme, ou de le croire tant que je n'en ai pas l'infirmation.
Ma Psy - Ya che te grois... Il fallait que ch'infalide zette bropozizion... Mais che te razure, liebe, si tu n'es pas gay tu es lezpien, ça tefrait te konzoler, nein?"
Modèle: Eve Salvail
Juste une illusion
A deux tables de là, sous la tonnelle, elles étaient plusieurs, joyeuses, sans doute en vacances, à discuter entre elles. Elle était la seule avec les cheveux courts, un chapeau de paille crânement posé en arrière. Le bronzage était accentué par le contraste avec son débardeur blanc, qui, sans complexe, moulait une poitrine à peine perceptible. Si bien que lorsqu''elle détournait la tête l'illusion pouvait être parfaite, comme ces petites cartes de plastic montrant deux images différentes selon l'angle avec lequel on les regarde. Et ce corps d'éphèbe soudain lui paraissait délicieux. Il devinait le "garçon manqué" qu'elle devait être en voyant les écorchures sur ses mains et la façon qu'elle avait de tirer sur sa cigarette, comme un mauvais garçon... Et puis l'autre facette reparaissait, avec son visage d'ange, ses grands yeux clairs, ses lèvres gourmandes et cette mèche sur le front qui remontait vers le rebord du chapeau... Pile et face.
Il fallait garder cette illusion, ne pas rompre le charme.
Photo: Guilia Muriaglia
Quartier Libre - L'interview de Camilla
Après m'avoir fièrement fait découvrir sa nouvelle coupe de cheveux Camilla a bien voulu se lancer dans un "Quartier Libre" pour le blog... Un "Quartier Libre" un peu particulier puisque sous la forme d'une interview, histoire de lui faciliter la tâche. Mais les photos sont d'elle et le choix musical aussi. Voilà ce que cela donne...
Salut Camille, je te remercie de jouer avec moi à ce jeu de questions et réponses. Les lecteurs te connaissent déjà un peu, tu es italienne Passionnée par la mode et la photographie. Ton style androgyne est remarquable et, récemment, tu as coupé tes cheveux très court.
Q: À quel âge as-tu ta toute première coupe de cheveux?
Honnêtement? Je ne sais pas vraiment! Chronologiquement parlant je devais être très très jeune, genre un an ou deux. A cette époque c'est ma mère qui choisit pour moi la coupe au bol, je ressemblais totalement à ce gosse de la série " Problem Child". Si tu veux dire quand est ce que j'ai eu ma première coupe de cheveux satisfaisante, alors je dirais en mai 2009.
Q: Est-ce que cette première coupe de cheveux, t'a fait te sentir comme un garçon ou non?
Non, je ne me suis jamais sentie comme un garçon, mais j'étais heureuse que cela me donne une allure plus androgyne et ainsi me trouver au dessus des problèmes de genre.
Q: Depuis ce temps, ( il y a 3 ans ) ta coiffeuse est devenue ton amie. Combien de fois par an vas-tu te faire couper les cheveux?
Hum, environ une fois tous les 2 mois.
Q: Cette fois, c'est très court sur les côtés et derrière. Il s'agit d'une volonté de ta part ou une proposition faite par ta coiffeuse?
C'était mon choix! Je voulais cette coupe là depuis longtemps, j'attendais juste que mes cheveux soient assez longs dessus et la bonne saison pour le faire sans risquer d'attraper un rhume.
Q: C'est toujours une expérience extraordinaire d'avoir une coupe de cheveux faite avec une tondeuse.
Est-ce que tu avais peur? Quelle a été ton sentiment à ce moment là?
Ahah eh bien, elle utilisait déjà une tondeuse pour me couper les cheveux auparavant, donc je n'avais pas peur du tout. D'ailleurs j'adore sentir ça et voir les cheveux tomber sur mes épaules.
Q: Le résultat est époustouflant. Quelle a été ton premier geste juste après avoir quitté le salon?
J'ai sauté de joie, mais surtout passé ma main sur ma nuque et senti cette incroyable sensation...
Q: Penses-tu laisser pousser tes cheveux un jour?
Oui! Comme tu as pu le voir j'ai laissé pousser mes cheveux ces derniers mois, mais par contre je ne crois pas que je les laisserai pousser sur mes épaules ou au delà. J'ai toujours eu les cheveux longs durant mon enfance et mon adolescence et depuis j'ai toujours voulu avoir les cheveux courts, alors...
Q: Quelles ont été les réactions de tes amis et de la famille?
Mes ami(e)s ont tous été très enthousiastes. Ils/elles aiment vraiment beaucoup. Ma mère à ma grande surprise et pour mon plus grand plaisir a tout de suite adoré. Mon père ne m'a jamais fait de commentaires d'aucune sorte, donc je ne sais pas. Mais je ne m'en fait pas parce que je sais que pour lui je peux faire ce que je veux avec mes cheveux.
Q: As-tu toujours eu de bons commentaires sur ta coupe de cheveux?
A part une fois où je les avais vraiment très très court ( je n'aimais pas moi même d'ailleurs ) oui j'ai toujours eu de bons commentaires.
Q: Tu gères une image très androgyne et tu le fais super bien. Penses-tu que les cheveux courts ne font pas féminin?
Cela dépend de la façon dont la femme porte sa coupe de cheveux. Il y a beaucoup de femmes qui ont les cheveux courts et qui savent avoir une allure très féminine.
Q: (In these 3 years) your hairstylist has become your friend. How many times a year do you go to trim your cut?
Q: This time it is very short on sides and back. Was this your will or a proposition from your stylist?
Q: It's always an extraordinary experience to have a haircut did with a clipper. Were you afraid? What was your feeling at the moment?
Q: The result is stunning. What was your first movement just after left the salon?
Q: Do you think about let your hair grow out one day?
Q: What were the reactions of your friends and family?
Q: Have you always had good feedback about your hair?
Q: You manage a very androgynous image and you rock this style. Do you think that short hair is non feminine?
Facebook or not
Depuis que j'ai ouvert la page Facebook de ce blog, un sentiment sourd et persistant occupe mon esprit. Un doute sur le bien fondé de ma démarche, une interrogation sur mon but ultime. Pourquoi l'ai-je fait?
Indéniablement le réseau social est un vecteur supplémentaire et puissant. C'est donc que j'ai envie de faire connaître "Les femmes aux cheveux courts" au plus grand nombre, conquérir des coeurs et des esprits. Pas de doute. D'autant plus que j'ai quand même l'impression que les utilisatrices/teurs de FB ne sont pas toujours les mêmes que les lectrices/teurs du blog. Bon bon bon... Et puis dans cet esprit, l'outil est intéressant puisqu'on peut diffuser via un petit message cordial et sympathique, une invitation à cliquer sur "J'aime" ce qui a pour effet de faire grimper la popularité de la page. En même temps je trouve ça assez frustrant d'écrire à une personne et parfois ne jamais avoir de réponse, même pas un refus. Le mépris total, le râteau, le vent magistral! Trop dur.
Mais le pire, sachant qu'il y a en moyenne plusieurs centaines de visiteurs sur ces pages chaque jour, c'est de ne voir adhérer qu'une poignée de fidèles, quelques dizaines, alors qu'il suffit d'un simple clic au bon endroit pour déclarer sa flamme et dire "je t'aime".
Parce que voilà le fond du problème. Voilà sans doute ce que je cherchais: de l'amour. Ouais bon du calme, on ne s'emballe pas. C'est pas que je manque d'affection hein! Non, mais plutôt d'une sorte de soutien affectif, de reconnaissance, d'adhésion à ma démarche. Un peu comme un artiste tourmenté qui aurait besoin d'être rassuré.
Oui alors j'entends d'ici les critiques du genre: ouiiiii on est bien loin du postulat de départ, bla bla je fais ce blog pour moi, pour me faire plaisir, bla bla bla... Ben oui, et alors! So what? Évidemment que tout ce qui est ici n'est fait que pour me plaire, et je m'éclate. Mais c'est pas pêcher peuchèèère si en plus la foule en délire applaudit? Et puis dans ce monde de brutasses finalement c'est plutôt sympa de pouvoir échanger quelques mots gentils avec un lectrice ( ou une lecteur, au choix ) à l'autre bout du monde. Non?
Modèle: Audrey Ruysschaert
L'heure des lions
"... Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire."
La chaleur de la journée, cette chaleur brûlante qui donne semaine après semaine une couleur dorée à la savane, commençait à peine à s'évanouir. Depuis le promontoire où la maison était bâtie, la vue était sans limites et le regard pouvait se perdre aux confins, jusqu'aux rives du grand lac. En s'approchant de la balustrade elle a glissé ses doigts autour de son oreille pour replacer une mèche de cheveux. Sa main s'est attardée sur sa nuque encore humide et fraîche après la douche. Tout à l'heure c'est Tommy le jeune boy qui lui a coupé les cheveux. C'est nouveau pour elle et sous l'eau tiède elle souriait, se prenant pour Deborah Kerr profitant avec délice de ses cheveux courts dans "Les mines du Roi Salomon". Stewart Granger allait sûrement venir boire un scotch tout à l'heure sur la terrasse.
Et puis devant ce paysage grandiose elle s'est prise à rêver. Le feulement des grands fauves au loin, les odeurs portées par l'air chaud, le soleil bas enflammant les couleurs... Sans doute Denys Hatton allait-il passer en rase-motte aux commandes de son Gipsy Moth jaune et noir, ou bien Victor Marswell et Linda Nordley allait-ils arriver, harassés et poussiéreux... Ou peut être serait-ce Sean Mercer et la ravissante "Dallas"... Avoir rêvé en regardant ces vieux films et se retrouver à présent l'héroïne dans cette ferme africaine. La vie des fois vous joue de ces tours.
Modèle: Christy Turlington
Photo: Hans Feurer
Citation: V.Hugo - Booz endormi - La Légende des Siècles
La tentation de l'androgyne
Depuis longtemps Camilla a choisi d'être elle même, ni fille ni garçon, être androgyne, brouillant les pistes, créant le doute pour empêcher un choix trop facile. Cette liberté fascine, fait naître des envies et des désirs.
Elle sait bien être fille, même dans ses vêtements d'adolescent. Si elle veut, en laissant un peu pousser ses cheveux elle parvient à estomper l'incertitude et sa blondeur pourrait lui donner des airs girlie. Et puis soudain, avec la complicité d'Alex, elle brouille de nouveau les cartes et sa nuque tondue lui donne l'apparence d'un collégien, que de dos, on imagine beau comme un dieu. La peau rasée y apparait pâle, là où les cheveux la préservait du soleil et le mélange de cette pâleur au teint plus mat et au velours du cheveux tondu élance le cou, comme une colonne de chair à la fois robuste et terriblement fragile.
Ainsi le jeune dieu fascine son monde, bousculant les schémas, il aime les filles, trouble les garçons et goûte à son gré aux lèvres des unes et des uns...
Ou calme et solitaire sur son Parnasse il caresse de ses doigts fins sa nuque fraîche et frissonne à cette nouvelle sensation...
Photo: Testolina
Début de partie
Il a fallu des mois et même des années. Pourtant les choses sont allées assez vite et la petite Tao, que j'avais trouvée un soir, perdue sur mon palier me semble bien loin aujourd'hui. Patiemment elle a appris les techniques et les savoir-faire, encaissé les coups, bridé son impatience, maîtrisé son désir de vengeance.
Convaincre le Directeur des Opérations n'avait pas été une sinécure mais finalement tout le monde avait perçu l'intérêt que pouvait représenter une recrue qui avait été nourrie au sein de Moïra. Tao nous avait montré de remarquables qualités en tir et elle avait pu, au cours de petites missions à l'étranger, faire preuve de sang froid.
Évidemment il n'était pas question de se lancer dans une vendetta. Je comptais juste sur le souvenir de Moïra pour animer les qualités de Tao et faire d'elle une sorte de clone, plus jeune, plus malléable, mais aussi plus dangereuse et plus efficace si c'était possible. Cette fois les dés étaient jetés. Elle partait demain pour Nouakchott, torpiller une réunion de leaders d'AQMI et j'espérai que son tableau de chasse serait à la hauteur de nos espérances...
Modèle: Tao Okamoto
Et demain?
Elles ont grandi ensemble, enfants bousculées par la vie tumultueuse des adultes. Trop petites sans doute pour comprendre elles ont vu s'éloigner un père pourtant aimant et dériver une mère attentionnée. Leur monde s'est donc façonné ainsi, déchiré entre deux pôles où finalement plus personne n'était heureux. Mais la vie des adultes ce n'était pas leur affaire. Le mal était fait et la blessure inguérissable. Chien et chat, elles ont tenté, comme on le leur montrait, d'être égoïstes et solitaires, juste survivantes d'un amour disparu... Dans la jungle infantile il fallait se battre pour jouer sa partition. Petits soldats aux sourcils froncés, elles ont enfoui leurs émotions, nageant à leur surface.
C'est le temps qui érode tout, les creux comme les bosses. Reste le deuil des bons sentiments, les regrets de ne pas avoir eu sous les yeux la preuve irréfutable de l'amour qui les fit naître. C'était pourtant pas dur...
" Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules et c'est fatiguant pour les enfants de toujours leur donner des explications"
Photo: Keisuke Ogata Harper's Bazar
Citation: A. de St Exupéry - Le Petit Prince
Fatalitas
J'ai toujours trouvé cela élégant, cette façon dont certaines femmes noires ou métisses résolvent le problème que pourrait poser la nature de leurs cheveux. Les alternatives existent bien sûr, on peut jouer les tresses, l'afro style Angela Davis ou enrichir l'industrie cosmétique en dépensant le budget vacances dans l'achat de produits défrisants... Et puis il y a la méthode radicale, économique et spectaculaire. Pourtant, je me trompe peut être, mais j'ai l'impression que mes contemporains trouvent presque banale de voir une femme noire tondue ou rasée. Là où certains s'offusquent et rejettent l'image d'une femme caucasienne au crâne rasé on trouve une appréciation quasiment inverse en ce qui concerne une femme de couleur. Bizarre autant qu'étrange. Parce que finalement la démarche reste la même, quelque soit la couleur de peau. Mais justement c'est peut être une histoire de teint, d'esthétique? En tout cas, étrangement " on" trouve ça presque naturel...
Je n'ai pas de réponse et je ne vais surement pas m'aventurer à en chercher une, mais je trouve cela puissant.
Modèle: AzMarie Livingston